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Ceci est un bloc de débogage

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Urbanités du 16 février: le compte-rendu

Y- a- t- il un urbaniste dans la ville?

Quelles formations et quelles attentes? Ces dernières années, des projets ambitieux émergent et se concrétisent sur l’Arc lémanique (SDOL, plans d’agglomération, PAV, …). Leur échelle et leur complexité - multiplication des acteurs, des intervenants, des oppositions, des sources de financement, etc. - semblent avoir une influence sur la fabrique de la ville. Le constat est partagé par de nombreux professionnels qui soulignent l'évolution du métier d’urbaniste. Se pose alors la question des compétences indispensables requises à l'élaboration, à la gestion et au suivi des grands projets.
 L’urbaniste doit-il être projeteur, coordinateur, constructeur, narrateur, communicateur? De quelles compétences les pouvoirs publics et les bureaux d’urbanistes ont-ils besoin pour la planification et la mise en œuvre de leurs projets? 
Les professionnels présents sur le marché du travail suisse possèdent-ils ces compétences? Les recours seraient-ils le signe de l’incapacité des urbanistes à réaliser des plans d’aménagement de qualité ? Quelles sont les formations en urbanisme proposées par nos hautes écoles? Répondent-elles à l'évolution du métier?
Les enjeux sont de taille; le rôle de l’urbaniste est-il suffisamment reconnu pour qu’il puisse relever de tels défis pour nos villes?

Antonio Da Cunha exprime son point de vue quant aux compétences nécessaires aux urbanistes de demain. Un travail complexe à plusieurs niveaux: l’entrelacement des échelles, la multiplicité des institutions et la complexité procédurale. L’urbanisme, en pleine mutation aujourd’hui, rassemble un nombre d’acteurs très important et de ce fait, des visions multiples et des stratégies nombreuses. L’urbaniste devient alors le "pilote" de projets à gérer à long terme. Des projets parfois expérimentaux, au gré des opportunités qui se présentent, qui doivent toutefois assurer une qualité urbaine au terme du processus. La conduite et la réalisation de projets sont deux aspects majeurs à mettre en avant dans les formations.

Ariane Widmer compare notre manière de "fabriquer la ville" à celle d’il y a 100 ans. L’architecte savait tout faire: du dessin de détail à la construction de toute une ville. Aujourd’hui, tout est sectorialisé et le lien entre plein et vide s’est défait. L’urbanisme se trouve dans un tournant, phase stimulante mais aussi compliquée. Les compétences requises sont multiples et un travail d'équipe, où tout un chacun a un intérêt pour le collectif, est indispensable. Travailler simultanément à plusieurs échelles en considérant autant le vide que le plein. L’enjeu est de sortir des logiques de sectorialisation. Mettre en mouvement un processus qui permette de "rassembler" en incluant le grand nombre d’acteurs pour y contribuer.

Daniel Rosselat prend l’exemple du Paléo festival. Une commission d’urbanisme existe pour cette ville temporaire. Pour passer d’un village à une ville, il ne suffit pas de s'étendre. Il a fallu créer des quartiers, et non pas de la banlieue, en s’appuyant sur les éléments forts et influents du festival. Pour les projets communaux, la "feuille blanche" n’existe pas, les autorités poursuivent des projets lancés par d’autres. Au contraire des projets des promoteurs qui savent ce qu’ils se veulent - de la rentabilité -, les procédures sont lentes. Promouvoir une vision claire, élaborée en équipe, et savoir la vendre est nécessaire pour faire aboutir des projets. Daniel Rosselat aurait renommé le débat "le pouvoir de l’urbanisme ou l’urbanisme du pouvoir?"


Le débat évoque la difficulté de faire aboutir des projets en un temps raisonnable. Plutôt que d'éviter les concertations avant la mise à l’enquête et ainsi favoriser les recours, les processus participatifs devraient être mieux considérés sans négliger les compétences professionnelles indispensables. Les critères économiques ont aussi leur part de responsabilité, ce sont bien souvent les déclencheurs, ou au contraire les freins, des projets. La question d’une formation d’urbaniste "pur souche" se pose. Mais pour Antonio Da Cunha, elle ne ferait pas sens puisque l’urbanisme est un champ interdisciplinaire et que les bagages de chacun sont nécessaires. L’espace public reste celui qui doit être le mieux construit puisqu’il est partagé par tout le monde.

Alix Martin, architecte EPFL